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En 2022, les lacs sentinelles de la Vanoise, des Ecrins et du Mercantour ont fait face à un été caniculaire inédit

Général
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Campagne de prélèvements au lac Merlet, en cœur de Parc national de la Vanoise, pour le réseau Lacs Sentinelles © Alice Leroy – Parc national de la Vanoise
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Mise en place des opérations de suivis sur le lac des Bresses Supérieur © P. Archimbaud – Parc national du Mercantour
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Suivi scientifique au lac de la Muzelle © DR Parc national des Ecrins
Les lacs d’altitude, véritables « sentinelles du climat », n’ont pas été épargnés par la chaleur et la sécheresse de l’été 2022. De la Vanoise au Mercantour en passant par les Ecrins, les capteurs de température installés dans l’eau par le réseau « Lacs Sentinelles » sont unanimes : tous les records de température des années précédentes dans les lacs d’altitude ont été dépassés.

Le réseau « Lacs Sentinelles » : observer pour mieux comprendre

Milieux emblématiques des montagnes, à haute valeur sociale, culturelle et écologique, les lacs d'altitude sont des écosystèmes fragiles.

Leur localisation en tête de bassin versant et les conditions climatiques extrêmes auxquelles ils sont soumis, engendrent un fonctionnement spécifique encore mal connu. Les études récentes nuancent leur image de nature préservée, généralement attribuée en raison de leur éloignement des sources de pollution.

Autour de scientifiques et de gestionnaires d’espaces protégés, dont les parcs nationaux de la Vanoise, des Ecrins, du Mercantour et l’Office français de la biodiversité, l'initiative « Lacs Sentinelles » coordonne les efforts de recherche et d’observation sur les lacs d'altitude à l'échelle alpine.

Son objectif est d'améliorer la compréhension du fonctionnement et des menaces qui pèsent sur les lacs d’altitude, afin de mieux les préserver. Un enjeu fort face au changement climatique ou encore à une fréquentation accrue, les lacs étant perçus comme des « refuges de fraicheur » par les touristes en été.

A 2 000 m d'altitude, des températures records pendant l’été 2022 !

Dans le Parc national de la Vanoise, l’exemple du lac de l’Arpont à 2 670 m d’altitude est frappant avec des températures supérieures à 17°C cet été. Avant l’été 2019, le lac ne dépassait pas les 6°C lorsqu’il était encore connecté aux eaux du glacier.

Mêmes observations dans les lacs suivis par les équipes du Parc national des Ecrins., notamment pour le niveau des lacs. Le lac du Combeynot, profond de 16 m en début d’été, est à sec depuis fin juillet … Non seulement l’assèchement du lac est un événement relativement rare (il s’agit de la 5e fois en 50 ans), mais lorsque le lac s’était asséché dans le passé, ce n’était pas avant le mois de septembre.

Plus au sud, les lacs du Parc national du Mercantour sont également touchés et ont atteint entre mi-mai et fin juillet 2022 les températures les plus élevées observées depuis la mise en place du suivi en 2015. La température de surface du lac du Lauzanier a ainsi dépassé les 15°C à la mi-juillet contre habituellement les 11°C. Quinze kilomètres plus au sud, la température est montée jusqu’à 17°C dans le lac du Rabuons à 2 500 m d’altitude !

Ces observations soulignent des changements toujours plus inquiétants en haute montagne.

Evolution des écosystèmes de haute montagne

Les lacs d’altitude sont habituellement des écosystèmes froids peuplés de rares espèces animales et végétales accommodées à ces conditions. La sensibilité des environnements de montagne laisse présager des modifications en cours d’une amplitude encore sous-estimées.

Le réchauffement des eaux pourrait aussi favoriser la présence d’espèces d’altitudes inférieures, au détriment d’espèces endémiques adaptées aux conditions de plus faibles températures. Les études en cours sur le plancton des lacs confirment par ailleurs cette tendance.

A l’échelle annuelle, les périodes d’englacement des lacs d’altitude sont par ailleurs de plus en plus courtes. A titre d’exemple : le désenglacement du lac de l’Arpont en Vanoise s’est produit un mois plus tôt qu’en 2019, et les lacs de Bresse dans le Mercantour ont dégelé un mois avant les dégels les plus tardifs (en 2017 et 2018).