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Journée mondiale des zones humides

Général
Grand Etang
Grand Etang © A. Chopin Parc national de la Guadeloupe
Drosera rotundifolia
Drosera rotundifolia © B. Descaves - Parc national des Cévennes
Zone humide de la Moutière
Zone humide de la Moutière (Belleville) © Parc national de la Vanoise
Grand Étang PNR
Grand Étang © Parc national de La Réunion
En 50 ans, plus de 35% des zones humides de la planète ont disparu selon un rapport de la Convention Ramsar. Chaque année, le 2 février, la journée mondiale des zones humides a pour but d'alerter sur leur disparition et appelle à leur restauration.

Ces milieux sont diversifiés (marais, mares, prairies humides, tourbières, lagunes, estuaires, mangroves…) et les Parcs nationaux y sont très attentifs. On en trouve du Grand Etang, plus grand plan d'eau de l'île de La Réunion, aux zones humides d'alpage en passant par les marais tufeux du Parc national de forêts. Les zones humides rendent de grands services pour préserver la biodiversité et lutter contre les changements climatiques. Elles accueillent de nombreuses espèces, préservent la ressource en eau (en qualité et en quantité), atténuent certains risques naturels (inondations, submersions marines), limitent les effets du changement climatique, par leur capacité de stockage du carbone et jouent un rôle économique important, en agriculture, pisciculture, ou encore comme espaces de loisirs et de tourisme.

Cette année le comité permanent de la Convention sur les zones humides a voulu mettre en avant d'autres contributions des zones humides à nos sociétés en choisissant le thème du bien-être humain :

Il existe des preuves solides que les personnes vivant à proximité du littoral déclarent des niveaux de bien-être plus élevés. Il en va de même pour les lacs, rivières et autres zones humides qui n’ont pas reçu la même attention malgré une présence évidente dans l’environnement et une grande popularité. Plusieurs études réalisées dans le monde sur ce sujet montrent des avantages sociaux et psychologiques positifs pour les « espaces bleus » d’eau douce, en particulier dans les villes.

Le Parc national de la Guadeloupe sera mobilisé tout au long du mois de février. La Guadeloupe comptait 1 115 zones humides potentielles de plus de 1 000 m² en 2015 (source DEAL), représentant une large diversité de milieux : mangroves, forêts marécageuses, bords de rivières, marais, salines, lagunes et jusqu’aux étangs d’altitude. Diverses actions d’éducation à l’environnement et au développement durable seront menées par le Parc avec des animations pour les scolaires, des événements grand public avec sortie naturaliste, projection de film suivie de débat, action participative, etc.
 

Visuel JZH 2024
Visuel JZH 2024
En Guadeloupe, sauvons la forêt marécageuse 
 

En Guadeloupe, la forêt marécageuse représente plus de 5 000 ha composés d’une trentaine d’espèces végétales que l’on ne retrouve dans aucun autre écosystème. Le Mangle médaille (Pterocarpus officinalis ou Sandragon) et le Cachiman (Anona glabra) y sont représentés en majorité. En formant une zone tampon entre terre et mer, cette forêt joue un rôle écologique primordial. Les espèces qui la composent filtrent d’une part les boues qui se déversent vers le milieu marin, protégeant ainsi la barrière de corail et d’autre part, les terres et habitations des inondations, de la montée des eaux et des houles cycloniques.

Malheureusement, sous l’effet du changement climatique, cette forêt est prise en étau entre la montée des eaux salées du côté littoral et la déforestation pour répondre aux projets d’urbanisation du côté terrestre. D’une part, la montée des eaux entraîne une salinisation des sols qui permet aux palétuviers de mangrove de gagner du terrain au détriment des Mangles médaille qui supportent moins bien cet environnement salin. De plus, l’expansion du pâturage et des projets d’urbanisation empiètent gravement sur son espace. Face à ces menaces, la forêt marécageuse lutte pour sa survie. C’est ainsi qu’elle a pratiquement disparu des Grandes Antilles, ce qui classe les mangroves de Guadeloupe parmi les plus importantes de la Caraïbe.

Depuis 2016, le Parc national de la Guadeloupe et la ville des Abymes ont engagé le reboisement des 18 hectares de forêt marécageuse de Golconde. Ce site en partie classé en zone protégée, est l’une des dernières forêts marécageuses les mieux conservées de la Caraïbe. Grâce à cette forêt littorale, les Abymiens bénéficient d’une protection naturelle contre les inondations, les houles cycloniques et plus globalement la montée des eaux. Cette action menée conjointement par le Parc national de la Guadeloupe, la commune des Abymes et le Conservatoire du Littoral vise à restaurer et préserver ce patrimoine naturel d’exception. 8 9180 plantules de Mangle médaille sont semés en pépinière in situ et plus de 5 000 arbres ont ainsi déjà été replantés.

En savoir plus sur le projet de réhabilitation de la forêt marécageuse de Golconde

Dans les Cévennes, des bactéries bienveillantes

Le territoire du Parc national des Cévennes compte plus de 2 000 zones humides. Les 5 000 km de cours d’eau qui sillonnent le Parc sont quant à eux longés sur leurs berges par des rideaux d’arbustes et d’arbres. Sur la plupart des bords de rivière, se dresse l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa). Cet arbre possède souvent un réseau de fortes racines qui serpentent sur les berges maintenant solidement les amas de galets et graviers et sa souche résiste aux fortes crues. Ses racines, imputrescibles sous l’eau, se colorent en rouge vif lorsqu’elles sont à l’air libre. Mais ce qui fait surtout l’originalité des racines de l’Aulne glutineux, c’est qu’elles abritent des bactéries capables de capter l’azote atmosphérique et le transformer en azote minéral assimilable. L’arbre bénéficie donc d’un apport en azote inépuisable ce qui lui permet aussi de fertiliser le sol afin de préparer le terrain aux espèces écologiques plus exigeantes qui lui succéderont. Autrefois, l’humble Aulne rendait aussi service aux cévenols, son bois était utilisé pour la fabrication de sabots et ses branches réduites en fagots servaient à allumer les fours à pain.

 Lire l'article "Les pieds dans l'eau" du Parc national des Cévennes

Les marais tufeux, une particularité du Parc national de forêts

Le marais tufeux est un biotope humide composé d’une pierre un peu particulière : le tuf. L’eau, chargée en calcaire, en dépose une concrétion sur tout ce qu’elle touche, minéraux comme végétaux. De milliers d’années en milliers d’années, il en résulte un bloc rocheux friable et très léger qu’on appelle le tuf. Du fait de la présence massive d’eau et de leur haute teneur en calcaire, ces marais sont riches d’une faune et d’une flore spécifique et souvent protégée. Le marais tufeux fait partie des cibles patrimoniales du Parc national de forêts. Ce dernier a la plus grande concentration de marais tufeux de France ! Il a donc pour devoir d’en assurer sa protection par la mise en place de différentes mesures. Plusieurs marais tufeux présentent des sentiers d’interprétation facilement accessibles, telles que les tufières de Rolampont, de Vals-des-Tilles et de Germaines.

On y trouve une abondante flore à caractère montagnard ou boréal, dont le rare Choin ferrugineux, la Swertie pérenne ou les Linaigrettes. Également, parmi les habitués des lieux : des libellules, mais aussi de nombreux autres insectes à affinité montagnarde. Des mollusques, parfois rares, sont aussi très présents, de même qu’une grande variété d’amphibiens comme le Sonneur à ventre jaune. Les parties les plus humides peuvent aussi abriter l’Ecrevisse à pattes blanches, une espèce particulièrement menacée en France.

Les zones humides de Méditerranée 

Héron cendré, Tamaris d'Afrique, Massette, Flamant rose, Jacinthe à trois feuilles, Isoète de Durieu... la région méditerranéenne abrite une belle diversité de zones humides où des espèces végétales et animales se sont adaptées au fil des siècles à des conditions originales. Le Parc national de Port-Cros compte trois type de zones humides d'importance : 

  • Les lagunes et les marais littoraux sont composés d’un substrat d’une assez grande épaisseur. La végétation, adaptée à des niveaux d’’eau douce, salée ou saumâtre différents, forme une mosaïque hétérogène que l’on peut observer dans les Vieux Salins ou le marais du Pousset.
  • Les mares temporaires et les cours d’eau intermittents sont des zones dont le niveau d’eau change selon les précipitations, alternant entre des phases de mise en eau douce et de sécheresse. On retrouve par exemple des mares temporaires en forme de cuvette creusées dans un sol fin dans le massif des Maures ou sur les îles de Hyères.
  • Les prairies humides sont reconnaissables à leur nappe phréatique qui affleure et déborde en cas de fortes pluies. On peut notamment en observer au Plan de la Garde et du Pradet et à La Lieurette-Macany à Hyères.

Pour en savoir plus sur les espaces terrestres protégés par le Parc national de Port-Cros 

J’entre dans un marais comme en un lieu sacré — un sanctum sanctorum. C'est là que se trouve la force, la moelle, de la Nature. - Henry David Thoreau