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Exploration du Parc amazonien de Guyane : inventaires scientifiques exceptionnels sur le site de Gros Saut

Mécénat GMF
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Gros Saut vue du ciel © DR Parc amazonien de Guyane
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Identification et mesure d’un arbre par François Bagadi-agent du Parc amazonien de Guyane © Tanguy Stoecklé
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Vue aérienne du secteur du Grand Abounami © Tanguy Stoecklé
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Inventaire des reptiles © Tanguy Stoecklé
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Inventaire des scorpions © Tanguy Stoecklé
 « Le Parc revisité », programme d’exploration du territoire du Parc amazonien de Guyane, vise à améliorer la connaissance du territoire guyanais couvert à 90% par la forêt tropicale humide. Entre septembre 2020 et mars 2021, la 3ème phase du programme s’est déroulée sur le Grand Abounami à Papaïchton, avec le soutien de GMF, mécène des parcs nationaux sur le thème « La nature en partage ».

Explorer les sites inconnus du Parc amazonien de Guyane

Au sud de la Guyane, le Parc amazonien abrite une biodiversité exceptionnelle : on y compte par exemple plus de 150 espèces d’arbres différents à l’hectare et plus de 200 espèces de mammifères, 520 d’oiseaux ou 220 de reptiles et d’amphibiens…sans oublier les invertébrés dont l’exploration est balbutiante !

Le programme « Le Parc revisité » vise à l’exploration de sites naturels inconnus, totalement isolés, et inaccessibles par les voies terrestres ou fluviales. Chaque site révèle des spécificités écologiques et archéologiques remarquables, et de nouvelles espèces sont régulièrement découvertes.

En 2018, la 1ère phase du programme s’est intéressée au site de la Mamilihpan, petit massif rocheux isolé qui domine une plaine, et en 2019 une 2ème expédition s’est dirigée vers le Haut Koursibo, zone forestière située entre le cœur du Parc amazonien et la Réserve naturelle nationale de La Trinité.

La 3ème exploration a concerné le site de Gros Saut situé dans le nord-est de la commune de Papaïchton, sur le Grand Abounami. L’un des endroits le moins prospecté de Guyane avec un enjeu fort pour combler le déficit en connaissances naturaliste du secteur.

Expédition hors-norme sur le Grand Aboumani

Chaque mission est un défi qui mobilise des moyens humains, logistiques et financiers très importants : survols de repérage, missions de préparation de la zone, aménagement d’une base de vie sous bâches…et celle sur le Grand Aboumani n’a pas dérogé à la règle :

« Il faut tout anticiper, afin qu’il ne manque rien durant la mission. Si on oublie une bâche les scientifiques seront sous la pluie. Si on oublie le kit de réparation de canoë, ils ne pourront pas se déplacer. Il faut prévoir les places dans les hélicoptères, les rotations d’équipes….tout ceci demande une logistique complexe », commente Audrey Thonnel, technicienne en recherche et développement au Parc amazonien.

Un inventaire naturaliste pluridisciplinaire en 3 temps a été organisé avec les parteaires du projet (CNRS, CIRAD, ONF, fondation Biotope, Hydreco Guayne, Gepog, Wano Guyane, Noctilio Productions, Maël Dewyter) :

  • une 1èremission préparatoire en septembre 2020 pour créer zone d’atterrissage pour hélicoptère, construire un camp de vie et tracer 4 layons (sentiers) de 3 km en pleine forêt.
  • les inventaires de saison sèche en novembre 2020 avec la mesure de la grande faune, la cartographie des habitats et les inventaires ciblant scorpions, poissons et crustacés.
  • les inventaires de saison des pluies en février et mars 2021 pour la botanique puis les oiseaux, reptiles, amphibiens et chauves-souris.

Gros Saut, site exceptionnel en matière de biodiversité

La mission d’exploration a d’ores et déjà apporté de beaux résultats à la connaissance :

  • 31 observations de hocco (oiseaux de la famille des gallinacées) et 42 contacts avec des singes atèles ont été réalisés, soit un total de 1,8 contact de faune par kilomètre (contre moins de 1 lors d’une campagne similaire sur le Haut-Maroni).
  • Le travail sur le milieu aquatique, compliqué par des activités d’orpaillage en amont et de fortes pluies, a révélé de belles surprises. Un poisson phasme du genre Farlawella est découvert, il pourrait s’agir d’une nouvelle espèce. Et pas moins de 35 espèces amphibiens, dont la discrète cténophyrne de Guyane, ont été observées sur une mare d’à peine 50 mètres de diamètre !
  • Des arbres rares comme le Hubrodendon swienenioides, dont les contreforts peuvent atteindre plus de 10 m de haut sur 5 m de large, sont identifiés.

Les experts estiment que la mission a permis d’inventorier 95 % des amphibiens présents sur le site.

Grande faune, poissons, crevettes, scorpions, flore, oiseaux, amphibiens, champignons, chauve-souris, fourmis…l’ensemble de ces inventaires confère au site de Gros Saut un statut de site de référence et le Parc amazonien les publiera sur un atlas en ligne et dans les bases de données régionales et nationales.

« Cette mission permettra également de partager avec les habitants de Papaïchton ces morceaux de territoire lointain, difficiles d’accès. Des restitutions sont prévues localement sous la forme d’expositions photos, de films, de conférences » complète Audrey Thonnel.

Le programme « Le Parc revisité » devrait normalement se poursuivre avec une 4ème phase en 2022, direction le Mont Belvédère de la Haute Camopi cette fois.

Le Parc amazonien de Guyane et le mécénat GMF

Au-delà des missions d’explorations, l’équipe du Parc amazonien poursuit d’autres projets autour de l’accès à la nature pour tous, soutenus par GMF.

A titre d’exemple on peut citer le projet « Amazonie pour tous » afin d’adapter les sentiers de randonnées et autres sites de découverte aux différentes familles de handicaps sur les communes de Saül et Papaïchton.

« La nature en partage », le mécénat GMF dans les parcs nationaux de France

Animé par l’Office français de la biodiversité au bénéfice du réseau des parcs nationaux, le mécénat GMF est fondé sur des valeurs communes telles que le respect et la solidarité.

Trois champs d’action définissent et donnent sens au mécénat :

  • faciliter l’accès à la nature et à sa connaissance pour tous les types de public et en favorisant l’insertion sociale des jeunes par le service civique,
  • préserver la biodiversité en étudiant et en protégeant les espèces,
  • développer la prévention des risques dans les parcs nationaux.

Depuis 2008 plus de 120 actions concrètes ont été réalisées sur les territoires des parcs nationaux grâce au soutien de GMF.

Pour en savoir plus sur le mécénat